Interview

Maxence Marmy

Le parcours de Maxence Marmy sort des sentiers battus. Diplômée de l’EHG en 2019, elle quitte l’univers structuré de l’hôtellerie pour suivre sa passion : la comédie musicale. De Genève à Londres, elle transforme les compétences acquises à l’école, leadership, discipline, sens du public en véritables atouts scéniques. Aujourd’hui chanteuse, actrice et danseuse, coautrice de Miss Brexit et interprète dans Tick, Tick… Boom!, Maxence nous raconte comment un diplôme hôtelier peut devenir un tremplin vers une carrière artistique audacieuse. Un témoignage inspirant pour celles et ceux qui rêvent de se réinventer.

Maxence, vous avez obtenu votre diplôme à l’École Hôtelière de Genève en 2019. Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir cette formation au départ ?

J’avais pour ambition d’ouvrir un café doté d’une scène musicale intégrée à l’établissement alliant mes deux passions : le service à la clientèle et la musique.

Quelles compétences ou valeurs acquises durant vos études à l’EHG vous semblent aujourd’hui encore essentielles dans votre carrière artistique ?

Je pense que ma formation à l’EHG m’a particulièrement permis de renforcer mon esprit d’équipe ainsi que mes compétences en collaboration, des qualités essentielles tant dans le domaine artistique que dans l’hôtellerie-restauration. J’y ai également développé mon sens du leadership, indispensable pour mener à bien tout projet, artistique ou non. Enfin, cette expérience m’a aidé à affiner mes capacités organisationnelles, administratives et ma discipline personnelle, que je mets aujourd’hui au service de ma pratique artistique au quotidien.

Votre parcours professionnel a commencé dans l’hôtellerie et la restauration, avec des stages dans plusieurs établissements. Qu’avez-vous appris de ces expériences qui vous sert aujourd’hui dans votre métier d’artiste ?

Ces expériences ont été particulièrement formatrices et m’ont incitée à faire preuve d’initiative, tout en développant ma capacité à comprendre, analyser et répondre aux besoins de la clientèle par une offre adaptée. Dans mon métier artistique, ces compétences sont tout aussi essentielles : lorsqu’on crée un spectacle, il est primordial d’identifier le public auquel on souhaite adresser l’œuvre que l’on a créée. Être artiste indépendante exige également une grande discipline personnelle, une qualité que j’ai pu consolider au fil de mes différentes expériences professionnelles.

Vous avez également travaillé dans l’événementiel et les relations publiques, notamment pour la Fondation de la Haute Horlogerie et Baume & Mercier. En quoi ces expériences ont-elles nourri votre vision de la scène ou du spectacle ?

Ces stages m’ont permis de m’adapter à un rythme de travail exigeant, souvent imprévisible et ponctué de longues heures, ce qui m’a aidée à développer ma patience et mon endurance. J’y ai également appris à gérer le stress et l’adrénaline, des compétences essentielles pour la scène et le spectacle. C’est aussi grâce à ces expériences que j’ai pu affiner mon contact avec la clientèle, en leur offrant une expérience unique, même si pour moi certaines tâches peuvent paraître répétitives. Cette logique se retrouve dans le spectacle : bien que nous présentions la même production chaque soir, chaque représentation doit rester unique pour le public.

Après votre diplôme, vous avez décidé de suivre votre passion pour la musique et le théâtre musical. Qu’est-ce qui a déclenché ce changement de trajectoire ?

La musique a toujours occupé une place centrale dans mon éducation et dans ma vie. Après l’école hôtelière, j’ai ressenti le besoin d’explorer pleinement ma créativité et ma passion, afin de ne pas avoir de regrets avant de me lancer dans mon projet de café mon diplôme m’offrait une sécurité qui m’a permis de me suivre ma passion pour la musique.

“Ma formation à Genève a d’abord été pour moi une véritable sortie de ma coquille : j’ai appris à oser me dévoiler, à me mettre en avant en tant qu’artiste.”

Pouvez-vous nous parler de votre formation en chant et comédie musicale, d’abord à Genève puis au London College of Music ? Quelles ont été les étapes clés de ce processus d’apprentissage ?

Ma formation à Genève a d’abord été pour moi une véritable sortie de ma coquille : j’ai appris à oser me dévoiler, à me mettre en avant en tant qu’artiste. C’est un apprentissage continu, car chaque projet apporte son lot de défis et c’est justement ce que j’aime dans ce métier. J’y ai aussi acquis de nouvelles techniques de chant, de jeu et de danse. Ces deux premières années m’ont offert des bases solides et ont renforcé mon envie de progresser, ce qui m’a conduite à poursuivre mes études en Angleterre.

Mon bachelor en Angleterre a lui aussi été un grand défi. J’ai dû sortir de ma zone de confort, me reconstruire dans une langue et une culture différente de la mienne. Cette expérience m’a fait grandir, tant sur le plan personnel qu’artistique. Être artiste est un parcours exigeant et non linéaire, mais c’est aussi un métier d’une richesse inépuisable, qui offre sans cesse de nouvelles occasions d’apprentissage et de découvertes.

Quels ont été les plus grands défis rencontrés en passant d’un univers très structuré comme l’hôtellerie à un domaine aussi créatif et exigeant que celui des arts de la scène ?

Je pense que le plus grand défi auquel j’ai été et reste confrontée, est de ne pas baisser les bras face aux nombreux refus que cette industrie peut parfois imposer. Il faut sans cesse se dépasser, garder confiance en soi et continuer à chercher les opportunités qui nous correspondent. Ce métier demande une grande résilience et la capacité de rester ancré dans la réalité, en acceptant que toute carrière artistique soit faite de hauts et de bas parfois intenses.

Vous avez coécrit et interprété Miss Brexit, une satire musicale jouée à Londres et dans plusieurs festivals européens. Comment est née cette idée et que représente ce projet pour vous ?

Cette idée est née à la suite d’un appel à projets lancé par deux de mes professeurs à l’université, eux-mêmes migrants et confrontés à des difficultés lors de leur arrivée en Angleterre. Nos nombreux échanges autour de nos expériences ont nourri la volonté de mettre en lumière la réalité qui se cache derrière le rêve de partir faire carrière artistiquement au Royaume-Uni — une réalité souvent méconnue avant le départ.

L’industrie de la comédie musicale anglaise est en effet très codifiée, notamment en ce qui concerne les accents, et il est souvent difficile pour un artiste étranger de trouver sa place dans un milieu encore largement centré sur les accents anglo-saxons et les stéréotypes qui y sont liés. Nous avons donc choisi de créer cet espace nous-mêmes, en valorisant la diversité des parcours et des origines.

Vous avez également participé à des productions variées comme The Writer, Tick, Tick… Boom! ou encore des concerts d’opéra. Y a-t-il une performance qui vous a particulièrement marquée ? Pourquoi ?

Le projet qui m’a sans doute le plus marquée à ce jour est Tick, Tick… Boom. Nous avons travaillé sur cette production dans un laps de temps très court, ce qui a rendu l’expérience particulièrement intense en termes d’énergie et d’implication. J’y ai rencontré des personnes formidables, et en quelques semaines seulement, nous avons formé une véritable famille, unie par des liens à la fois artistiques et amicaux très forts.

Cette comédie musicale aborde des thèmes de vie profonds et universels. Partager ces émotions sur scène, aussi bien avec mes partenaires qu’avec le public, a été une expérience inoubliable. Je crois que, pour nous comme pour les spectateurs, ce moment a été très émouvant et les larmes n’ont pas manqué de couler.

Comment avez-vous vécu votre retour sur la scène genevoise en tant que meneuse de revue ? Qu’est-ce que cela représente pour vous sur le plan personnel et professionnel ?

Je suis extrêmement heureuse d’avoir l’opportunité de monter sur la scène genevoise, seulement un an après la fin de mes études, pour un rôle aussi important dans ce spectacle emblématique de ma ville natale. C’est un véritable défi pour moi, notamment en raison du nombre de représentations consécutives, une première dans ma carrière et j’en suis ravie.

Ce projet représente une réelle opportunité d’évolution artistique : chaque soir, je cherche à me surpasser et à progresser, et c’est une expérience absolument merveilleuse. Je suis également ravie de pouvoir collaborer avec des artistes talentueux et de partager la scène avec eux lors de cette édition de la Revue.

Vous avez 20 secondes pour nous convaincre de venir voir la 133ᵉ Revue Genevoise : quels seraient vos arguments pour nous donner envie d’assister au spectacle ?

Cette édition de la Revue est pleine de surprises tant au niveau scénique qu’au niveau des costumes, des chorégraphies, des sketchs ou des musiques, il y en a pour tous les goûts !

Quels conseils donneriez-vous aux étudiant·e·s de l’EHG qui rêvent de se réinventer ou de suivre une voie artistique après leurs études ?

Je ne peux que les encourager à suivre leur passion artistique, tout en gardant à l’esprit que ce parcours n’est pas toujours facile. Il faut se lancer en étant prêt à faire les sacrifices et les concessions que ce chemin exige.

Quels sont vos projets ou rêves pour les prochaines années, que ce soit sur scène ou en dehors ?

Mon ambition est de continuer à me produire sur scène autant que possible, de faire évoluer ma pratique en tant qu’actrice, chanteuse et danseuse, et de collaborer avec différents artistes en Suisse, en France et en Angleterre.

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