Derrière un changement de carrière : mon voyage du compliance à l’hospitalité
J. Tarabori
Mes premiers pas professionnels
Je n’ai pas toujours rêvé de travailler dans l’industrie hôtelière. Mon parcours a commencé bien loin des halls d’hôtels.
Après une vingtaine d’années à l’étranger, à suivre mon père dans ses missions consulaires (de quoi développer un talent inné pour refaire mes valises en un éclair), je me suis lancé dans des études droit à Paris, Fribourg et Saint-Gall. L’ambition ? Devenir avocat d’affaires, façon Suits – costume impeccable, dossiers brûlants, voyages d’affaires et tout ce qui va avec.
Un stage en banque privée à Genève m’a introduit au domaine de la compliance, en particulier la lutte contre le blanchiment d’argent, un phénomène bien connu des places financières mondiales.
Après l’échec de mon projet de devenir avocat à Genève, j’ai dû rebondir rapidement et ai rejoint différentes instances pénales, dernièrement en qualité d’analyste financier.
Face à des affaires internationales de criminalité économique, j’ai dû cultiver un esprit analytique et une attention aiguisée aux détails, ainsi que savoir jongler entre dossiers complexes et pression.
Un changement de cap innatendu
Au fur et à mesure de ces dernières années, j’ai ressenti le besoin de donner plus de place à des qualités qui me sont essentielles : le contact humain, l’innovation et la créativité dans le développement de projets. Un peu comme en randonnée, où l’on s’arrête devant une carte pour vérifier sa direction, j’ai pris le temps de me poser, réalisant que le chemin que je suivais ne menait peut-être plus aux horizons que j’aspirais désormais à explorer.
C’est là que l’idée d’une carrière en hôtellerie a fait surface. J’ai repensé à tous ces détails que j’apprécie quand je suis client dans un hôtel : le sourire du personnel, les chambres impeccablement préparées, un petit mot d’accueil personnalisé… Le genre de détails que seuls les perfectionnistes ou les amoureux des hôtels repèrent – mais qui rendent l’expérience inoubliable. Je me suis dit que l’hôtellerie n’était pas juste un métier de service, mais une vraie vocation.
La vision d’un hôtelier en devenir
Ce qui m’attire dans l’hôtellerie, c’est cet aspect humain et créatif. J’ai toujours été fasciné par la collaboration avec des talents de divers horizons : designers d’intérieur, chefs, architectes… ensemble pour créer des lieux qui racontent une histoire et qui respectent leur environnement. Pour moi, travailler dans ce secteur, c’est imaginer des espaces qui allient beauté, confort et sens, tout en restant profondément ancrés dans leur tissu local.
long terme, mon rêve est de créer mon propre bed and breakfast, un lieu simple et accueillant, où les produits locaux et la cuisine authentique sont au coeur de l’expérience. Un endroit où chaque détail compte, sans superflu, et où les invités se sentent non seulement bien accueillis, mais chez eux – avec un petit supplément d’âme.
Les défis du changement
Changer de carrière en Suisse, ce pays où la stabilité est presque un sport national, c’est une aventure qui demande un brin d’audace et une bonne dose de préparation. Oui, ce changement implique quelques sacrifices financiers et personnels, mais c’est aussi l’occasion de redonner du sens à son parcours. Un peu comme les montagnes suisses : ça monte, ça descend, mais la vue en vaut toujours la peine !
Des compétences qui voyagent
Changer d’industrie comporte toujours une part d’inconnu, mais je suis convaincu que mon expérience en compliance m’a apporté des compétences solides et transférables : l’analyse, l’attention aux détails, et une capacité à évaluer les risques. Dans l’hôtellerie, ces qualités sont essentielles pour assurer une expérience client irréprochable et sécurisée.
Une autre qualité importante, la capacité d’improvisation, a par exemple pris tout son sens en 2023 lors d’un séjour à Marrakech en plein milieu d’un tremblement de terre. En quelques secondes, nous nous sommes tous retrouvés en pleine nuit en pyjamas et déboussolés. Le staff de l’hôtel dépassé par l’évènement, j’ai proposé de transformer un terrain vide en espace de repos, loin du danger, transformant chaises longues, linges de plage, duvet et coussins en lits.
Ce moment m’a rappelé que, parfois, dans le chaos, une touche d’improvisation et une bonne dose de calme peuvent faire la différence.
C’est aussi cet esprit que j’apprécie dans l’hôtellerie : savoir apporter des solutions même dans l’inattendu, en créant un espace accueillant, que ce soit avec quelques chaises longues… ou un peu de créativité.
Un chemin pavé d’apprentissages
Faire le choix d’une reconversion, c’est un peu comme chausser des skis pour la première fois : l’excitation est là, mais la pente semble raide. Heureusement, l’École Hôtelière de Genève (EHG) m’aide à garder l’équilibre. Avec un programme postgrade en Hotel Management à la fois stimulant et flexible (merci aux cours en ligne !), je peux avancer à mon rythme sans devoir totalement chambouler mon emploi du temps.
L’équipe à taille humaine de l’EHG apporte un accompagnement personnalisé qui rend ce parcours plus fluide et rassurant, comme si on avait toujours une main amicale pour éviter la chute. Avec leur soutien, j’ai l’impression que cette transition ne ressemble pas autant à une piste noire.
Sur le fil entre confort et aventure
Cette année de réflexion et ce changement de cap m’ont permis de réaliser l’importance de prendre le temps de s’écouter, de poser les bonnes questions, et de chercher des solutions – pas tout seul dans son coin, mais avec le soutien de ceux qui nous entourent. J’ai compris que l’épanouissement vient souvent en osant sortir de sa zone de confort. Prendre un risque, c’est un peu comme plonger dans le lac Léman un matin d’hiver : ça pique, mais ça réveille !
Comme le disait Mark Twain, « Dans vingt ans, vous serez plus déçu par les choses que vous n’avez pas faites que par celles que vous avez faites. » Alors autant prendre le large, tester, se tromper peut-être, mais surtout, avancer avec audace et enthousiasme.
